LA MISSION
"J'ai toujours été différente des autres ! Sûrement par le fait que je suis née dans une famille de sorcières ! Mais, lorsqu'on vit dans un monde d'humains, c'est assez difficile à gérer. Il faut garder ce secret de famille très lourd à porter ! Surtout quand on vit dans un monde hostile, où l'homme est un loup pour l'homme !"
Ingrid était au travail et rêvait. Soudain, une de ces collègues de travail, Estelle, la sortit de ses pensées:
"Eh, la feignasse ! C'est ton tour de défiler !"
Estelle s'éloigna. Ingrid se leva et la regarda rejoindre une autre des mannequins, Cynthia. Les deux filles détestaient cordialement Ingrid et c'était réciproque. Ingrid savait que la raison de cette haine n'était autre que le fait qu'elle faisait partie des 3 favorites des stylistes du pays. Les deux autres favorites n'étaient autre que Estelle et Cynthia donc Ingrid était la seule à pouvoir rivaliser avec elles dans ce métier et les deux jeunes femmes détestaient ça. Ingrid alla rejoindre les autres mannequins pour la répétition du défilé de mode qui devait se passer le prochain samedi. Mais, au moment de monter sur la scène, Ingrid trébucha et déchira la robe. Son premier réflexe fut de regarder ses rivales s'esclaffer.
GENERIQUE
Une des mannequins aida Ingrid à se relever et lui:
"Ne t'occupe pas d'elles, Ingrid ! Tu les connais ! Tu vaux mieux qu'elles !
_ Peut-être, mais pour l'instant, ma préoccupation, c'est cette robe ! répondit Ingrid. Tu as vu dans quel état elle est ?
_ On va l'arranger et le patron n'y verra que du feu !
_ Merci beaucoup, Katie", dit Ingrid.
Katie était une des rares personnes à apprécier Ingrid sans se soucier du fait qu'elle était plus populaire qu'elles. Elles étaient amies depuis l'arrivée d'Ingrid au sein du groupe. Katie et un autre mannequin, Teri, l'avaient immédiatement adopté.
"Tu sais quand reviendra Teri ? demanda Ingrid.
_ Je l'ai appelé hier, répondit Katie. Elle est toujours aussi malade ! Tout le monde a attrapé la grippe ici, sauf toi ! Comment tu fais ?
_ Je dois être immunisée !"
Ingrid se força à sourire mais elle savait bien que ce qui l'immunisait face aux maladies, c'était le pouvoir d'une de ses grandes soeurs, Judith. Katie la prit par le bras et l'emmena aux vestiaires et lui fit enlever la robe déchirée.
"Je m'en occupe ce soir, dit-elle. Je suis bonne couturière ! Personne ne verra qu'elle a été déchirée !"
Malheureusement, s'étonnant de l'absence des deux jeunes femmes, la styliste entra dans le vestiaire et constata les dégâts.
"Mais qui a fait ça ?" demanda-t-elle.
Ingrid allait avouer que c'était elle, mais Katie fut plus rapide qu'elle:
"C'est moi ! s'exclama-t-elle. J'ai trébuché et je l'ai déchirée ! Je suis désolée, madame Smith."
Ingrid regarda son amie avec des yeux ronds. Mme Smith regarda la robe attentivement et dit:
"Bon, c'est réparable. Mais cette robe n'était pas censée être portée par Ingrid ?"
Katie et Ingrid se regardèrent. Ingrid s'exclama:
"Oui, mais Katie voulait l'essayer. J'ai fait l'erreur de la lui prêter ! C'est ma faute...
_ Peu importe à qui est la faute ! coupa Mme Smith. Tout ce que j'espère, c'est que toutes mes robes ne finiront pas ainsi !
_ Non, c'est promis !" s'écrièrent Katie et Ingrid d'une même voix.
Mme Smith sortit du vestiaire avec la robe en souriant. Elle murmura:
"La jeunesse..."
La journée continua sans autre incident fâcheux.
Lorsqu'elle rentra chez elle, Ingrid trouva sa porte entrouverte. Elle murmura:
"Je suis persuadée d'avoir fermé la porte, ce matin !"
Elle entra et ne remarqua rien de suspect. Seul une lettre avait été déposée sur la table du salon. Ingrid regarda autour d'elle puis prit la lettre. Elle poussa un soupir de soulagement quand elle reconnut l'écriture d'une de ses soeurs.
"Salut Ingrid,
Quand nous sommes arrivées chez toi, Gabrielle et moi, nous avons trouvé ta porte ouverte. Je ne sais pas qui a fait ça, mais il n'a rien prit. Quoi qu'il en soit, puisque c'était ouvert, on en a profité pour te laisser un petit mot car on fait un dîner de famille, ce soir. Rejoins-nous à dix-neuf heures chez Adeline. A ce soir, Charlotte."
Ingrid fut ravie de cette idée. Cela faisait un certain temps qu'un dîner de famille n'avait pas eu lieu et c'était toujours une joie que de se retrouver entre soeurs. Surtout quand on en avait quatre et qu'elles étaient toutes des sorcières. Ingrid regarda sa montre: dix-huit heures cinquante. Elle sortit de son appartement en courant. Lorsqu'elle voulut fermer sa porte à clé, elle se rappela qu'elle avait été forcée et que la serrure était cassée. Elle s'exclama:
"C'est pas grave ! Judith me la réparera !"
La spécialité de Judith, en matière de pouvoirs, était de guérir les gens et de réparer les objets sans utiliser de colle. Ingrid se demandait toujours d'où lui venaient ces pouvoirs si peu communs chez les sorcières. Chaque soeur Lawson avait ses propres pouvoirs: ceux d'Ingrid étaient de contrôler le temps, mais elle s'en servait très peu, ainsi que de contrôler l'électricité. C'était assez pratique en cas de panne de courant. Adeline, quant à elle, avait des pouvoirs psychiques: entre autre celui de pénétrer dans l'esprit des gens et de lire dans leurs pensées ainsi que celui de clairvoyance. Gabrielle et Charlotte possédaient, comme elles étaient jumelles, des pouvoirs liés aux quatre éléments: feu et terre pour Gabrielle, eau et vent pour Charlotte. A elles deux, elles étaient très puissantes. Et Judith avait ses pouvoirs guérisseurs. Les cinq combinaisons pouvaient leur assurer l'invincibilité, si elles étaient ensemble. Ingrid se hâta de monter dans sa voiture et démarra. Elle était en retard et ne voulait en aucun cas manquer le dîner. Soudain, elle manqua d'écraser un homme et dû freiner sec. Celui-ci, surpris par ce qu'il venait de se passer, resta figé au milieu de la route, devant la voiture d'Ingrid. La jeune fille sortit de sa voiture et courut vers l'homme.
"Vous n'êtes pas blessé ? demanda-t-elle. Je suis désolée, je ne vous avais pas vu ! Je ne vous ai pas touché au moins !"
L'homme, qui était très jeune, se remit peu à peu de ses émotions. Il bégaya:
"Ou... Oui ! Je vais bien !"
Ingrid dévisagea le jeune homme. Elle le trouva très séduisant. Mais, il lui semblait qu'elle l'avait déjà vu. Elle lui demanda:
"On se connaît ?
_ Non, je ne crois pas, répondit le jeune homme. Je m'appelle Billy, et vous ?
_ Ingrid...
_ Et bien, on peut dire que vous m'avez fait une grosse frayeur ! s'exclama Billy en souriant.
_ Oui, je suis désolée, j'étais assez pressée ! Ca ne m'était encore jamais arrivé !
_ Espérons que ça n'arrivera plus jamais !"
Ingrid regarda Billy avec un grand intérêt. Même s'il lui affirmait le contraire, il lui semblait connaître ce sourire, cette voix et ces yeux. Mais elle ne le questionna plus.
"Je suis... en retard, dit-elle en regardant sa montre. J'ai un dîner de famille et on m'attend !
_ Ca serait bien si on pouvait figer le temps pour ne plus être en retard ! s'exclama Billy en riant.
_ Oui... répondit Ingrid, songeuse. Au revoir."
Elle remonta dans sa voiture et démarra. Elle n'arrêta pas de penser à la dernière phrase de Billy.
"C'est comme s'il savait !" dit Ingrid.
Elle regarda sa montre: dix-neuf heures vingt. Elle était en retard. Soudain, elle entendit une voix:
"Qu'est-ce que tu fais ?"
Ingrid regarda autour d'elle. Elle ne vit personne. La voix reprit:
"On va manger tous les gâteaux apéritifs si tu ne te dépêches pas !"
Ingrid comprit enfin. Il s'agissait de sa soeur Adeline qui jouait avec ses pouvoirs et lui parlait à distance. Ingrid répondit:
"Je suis en route ! Mais arrête de faire ça !
_ Faire quoi ? demanda Adeline.
_ Me parler dans mon esprit ! Parce qu'à chaque fois que je te réponds, les gens croient que je parle toute seule et me prennent pour une folle !
_ Je t'ai dit cent fois que tu n'étais pas obligée de remuer les lèvres pour me répondre, je...
_ ...lis dans les pensées des gens, termina Ingrid. Je sais !"
Ingrid arriva à la maison de sa soeur. C'était une magnifique maison, dix fois trop grande pour son unique occupante. Elle descendit de sa voiture. Elle n'eut pas le temps de réagir lorsque quatre masses en furie fondirent sur elle.
"Heureusement qu'on avait dit dix-neuf heures ! s'exclama Charlotte.
_ Désolée, répondit Ingrid. Mais quand je suis rentrée, il était dix-huit heures trente passées ! Et, j'ai failli avoir un accident ! J'ai... manqué de renverser un homme."
Adeline regarda ses soeurs aînées avec un sourire de contentement et s'exclama:
"Je vous l'avais bien dit ! Il y avait un homme derrière ce retard inhabituel ! Je l'avais lu dans son esprit !
_ Hé, arrête ça, tu veux ? s'exclama Ingrid. Mon esprit n'est pas un de tes livres ouverts dans lequel tu peux fourrer ton nez !"
Ingrid se précipita à l'intérieur de la maison. Judith regarda Adeline et lui dit:
"Tu vois, elle non plus n'aime pas quand tu fais ça !"
Elle entra dans la maison, suivie de Charlotte et Gabrielle. Adeline s'exclama:
"A ma place, vous en feriez autant !"
Elle courut pour rattraper ses soeurs. Elles retrouvèrent Ingrid dans le salon. Celle-ci était assise dans un fauteuil et était pensive. Adeline demanda:
"Qu'est-ce qu'il y a ?
_ C'est pas la peine que je te le dise, s'exclama Ingrid. Tu le sais sûrement, puisque que tu sais toujours tout !
_ Oui, heu... tu sais, c'est impossible qu'il puisse savoir que tu as des pouvoirs ! C'est juste une coïncidence !"
Ingrid se leva brusquement. Elle était en colère.
"Tu ne peux pas t'en empêcher ! Il faut toujours que tu utilises tes pouvoirs ! Tu sais que tu as failli nous faire repérer des tas de fois avec ça ! J'ai beau me dire que tu n'as que vingt-deux ans, je n'arrive pas à te trouver d'excuse parce que moi, à seulement vingt ans, je suis plus mûre que toi ! C'est pour ça que j'ai jamais voulu venir vivre ici, avec toi ! C'est parce que je n'aurais jamais eu ma liberté ! Tu es lourde, Adeline, très lourde !"
Ingrid regarda Adeline. Elle attendait une réaction de la part de sa soeur. Adeline demanda enfin:
"Ca y est ? Tu as fini ? On peut manger ?"
Ingrid soupira et suivit sa soeur jusqu'à la salle à manger. Gabrielle prit Ingrid par le bras et lui demanda:
"Quelqu'un a fait allusion à tes pouvoirs ?
_ Oui, enfin non, répondit Ingrid. En fait, j'en sais rien ! Il a lancé ça comme une plaisanterie ! Ca pouvait tout à fait être une allusion comme une phrase innocente ! Je ne le connais pas... même si je suis persuadée que je l'ai déjà vu quelque part. Ca m'énerve parce que je n'arrête pas d'y penser !
_ Tu es peut-être amoureuse ! s'exclama Gabrielle en souriant.
_ Non, répondit Ingrid en rougissant. Viens, on va manger !"
Elles s'avancèrent vers la table. Judith et Charlotte étaient déjà assises et Adeline était partie chercher le dîner dans la cuisine. Ingrid et Gabrielle se mirent l'une à côté de l'autre. Gabrielle n'arrêtait pas de glousser en pensant que sa petite soeur était amoureuse et Ingrid devait constamment lui donner des coups de coudes afin qu'elle arrête car cela intriguait les autres. Le repas fut assez animé, malgré les tensions entre Adeline et Ingrid. Mais les deux jeunes femmes essayaient de ne rien laisser paraître. Lorsqu'elles eurent fini de manger, les soeurs se levèrent.
"Si on procédait tout de suite à nos petits rites habituels ? demanda Judith.
_ Oh, faites-les si vous voulez ! s'exclama Ingrid. Moi, je vais rentrer !
_ Mais d'habitude, on fait toujours ça en famille ! s'écria Adeline.
_ Et bien, il faudra changer vos habitudes ! répondit Ingrid. J'ai une vie professionnelle, maintenant, et je ne pourrai plus être aussi présente que quand je n'en avais pas !
_ Tu as bien changé, petite soeur, murmura Charlotte.
_ J'ai 20 ans et j'en ai marre de m'amuser à vos petits jeux ! dit Ingrid. J'aimerais bien qu'on utilise nos pouvoirs pour quelque chose d'utile. En parlant de ça, Judith, tu pourras venir réparer ma porte demain ?
_ Heu... oui, répondit Judith.
_ Bien. Merci. Au revoir !"
Ingrid sortit de la maison et se dirigea vers sa voiture. Lorsqu'elle ouvrit sa portière, elle entendit une de ses soeurs arriver derrière elle. Il s'agissait de Judith.
"Je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé aujourd'hui ! dit-elle.
_ Tu parles ! s'exclama Ingrid.
_ Si ! Je sais que tu es différente depuis quelques temps ! Tu es entrée dans une nouvelle vie depuis que tu es mannequin ! Tu essaies de t'intégrer au maximum et tu as un peu tendance à rejeter ta vraie nature !"
Ingrid parut embarrassée. Elle demanda:
"C'est l'effet que je vous donne ? Vous rejeter ?
_ Je dois avouer que oui, un peu, répondit Judith.
_ Je suis désolée, ce n'était pas mon intention ! Je suis un peu sur les nerfs en ce moment, entre le boulot, l'accident que j'ai failli avoir et... Adeline !
_ C'est vrai qu'elle est un peu lourde en ce moment ! s'exclama Judith en souriant.
_ Oh, pas qu'un peu ! ironisa Ingrid. Et, je la trouve particulièrement, comment dire... enfantine, puérile.
_ Une vraie gamine ! ajouta Judith. En fait, il se trouve qu'elle a un nouveau petit copain et tu sais bien que dans ce cas là, elle devient vraiment chiante !
_ Comment ne l'ai-je pas deviné plus tôt, murmura Ingrid. Qui est ce pauvre malheureux ?
_ Il s'appelle David. David Khein. Il a 26 ans.
_ Tu l'as déjà rencontré ? demanda Ingrid.
_ Oui, il est charmant ! répondit Judith.
_ Bien. Bon, je dois partir, dit Ingrid en regardant sa montre. Tu n'oublies pas de passer demain, pour ma porte !
_ C'est promis !" s'exclama Judith.
Ingrid entra dans sa voiture et démarra. Judith retourna dans la maison où l'attendaient les autres soeurs. Lorsqu'elle arriva chez elle, Ingrid vit que sa porte s'était rouverte.
"Probablement à cause du vent", bougonna la jeune femme.
Mais, lorsqu'elle fut entrée dans le salon, Ingrid vit que quelqu'un était assis sur un de ses fauteuils. Méfiante, elle leva ses mains, qui se remplirent d'électricité, et avança doucement. La personne qui était assise sur le fauteuil était un homme, d'une cinquantaine d'années.
"Bonsoir Ingrid", murmura l'homme.
Ingrid dévisagea l'homme, puis éclata de rire. L'homme la regarda sans comprendre, mais ne put s'empêcher de sourire. Soudain, Ingrid reprit son calme et devint sérieuse. Elle releva ses mains et en fit jaillir de l'électricité.
"Vous avez deux secondes pour me dire qui vous êtes et ce que vous faîtes chez moi ! s'exclama-t-elle.
_ Je m'appelle Lowell, répondit l'homme. Je suis là pour vous parler."
Ingrid regarda Lowell dans les yeux sans ciller. Sans le quitter des yeux, elle dit:
"Je vous écoute !
_ Mes supérieurs vous ont entendu dire que vous vouliez utiliser vos pouvoirs pour quelque chose d'utile."
Ingrid fut étonnée de ce qu'avait dit Lowell. Elle demanda:
"Comment savez-vous..?
_ Mes supérieurs savent toujours tout ! répondit Lowell en souriant. Et, je vous connais depuis votre enfance, je sais très bien comment vous êtes !
_ C'est curieux que vous me connaissiez alors que je n'ai aucune idée de qui vous êtes ! s'exclama Ingrid. Je ne connais que votre nom !
_ J'ai connu votre père ! C'était il y a longtemps ! Je l'ai perdu de vue lorsque qu'il a commencé à avoir des ennuis, peu après votre naissance.
_ Mes parents sont morts peu après ma naissance, dit Ingrid. Est-ce que les ennuis dont vous parlez ont un rapport avec leur mort ?"
Lowell parut embarrassé par la question. Il répondit seulement:
"Vous le saurez en temps voulu. Mais je ne suis pas venu pour parler de cela !
_ Vous changez de sujet, remarqua Ingrid.
_ Non, c'est vous qui vous en êtes éloignée en me parlant de vos parents. C'est maintenant que je vais entrer dans le vif du sujet !"
Ingrid soupira et répondit:
"Bien, parlez.
_ Vous avez été choisie pour une mission bien particulière !" dit Lowell.
Ingrid regarda de nouveau Lowell dans les yeux. Elle se méfiait mais était intriguée.
"Laquelle ? demanda-t-elle.
_ Des démons se sont mis en tête d'aller dans le passé afin d'exterminer les personnes qui ont contribué à faire évoluer le monde, expliqua Lowell.
_ Des humains ?
_ Et des sorciers, répondit Lowell.
_ Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans ? demanda Ingrid.
_ Vous devrez les arrêter."
Cette réponse fit rire Ingrid. Elle s'exclama:
"Moi, une sorcière de 20 ans qui a passé sa vie à utiliser ses pouvoirs en grillant des ampoules et en trichant au lycée en arrêtant le temps pendant les contrôles... vous me demandez de combattre des démons soifs de vengeance ! Vous voulez ma mort ?"
Lowell se leva et dit à Ingrid:
"Nous n'aurions jamais pensé à vous si nous n'avions pas été sûrs que
vous en êtes capable, croyez-moi ! Vous pouvez les vaincre. Si vous ne le faites pas, personne ne le fera.
_ Il n'y a vraiment personne d'autre que vous pourriez jeter en pâture à des bêtes enragées ? demanda Ingrid.
_ Je ne vois pas vraiment les choses sous cet angle ! s'exclama Lowell.
Vous avez manifesté l'envie d'aider les gens, vous en êtes capable et vous en avez l'occasion. Où est le problème ?"
Ingrid fit quelques pas et répondit:
"J'ai besoin de réfléchir !"
Lowell approuva d'un signe de tête et disparut dans un nuage de fumée. Ingrid s'asseya sur le fauteuil et mit sa tête entre ses mains. Puis, elle s'allongea et ferma les yeux. Lorsqu'elle se réveilla, c'était le matin. Elle se leva et remarqua qu'il y avait un message sur son répondeur. Elle l'écouta:
"Ingrid ? Ingrid, c'est Katie ! Tu es très en retard et le patron est furieux. Et aussi, je ne sais pas comment il l'a su mais il est au courant pour la robe ! Je soupçonne Estelle ou Cynthia, mais tu sais bien que c'est ses chouchous ! Quoi qu'il en soit, viens... Appelle... fais ce que tu veux mais manifeste-toi si tu tiens à ton boulot ! Bye !"
Ingrid composa le numéro du patron. Cependant, ce fut Lara Smith qui décrocha:
"Bureau de monsieur Boyle, j'écoute !
_ Mme Smith ? C'est Ingrid...
_ Mais où es-tu ? la coupa Lara. On t'attend depuis une heure et demi !
_ Oui, je sais !" répondit Ingrid.
Elle regarda sa pendule et remarqua qu'elle avait en effet une heure et demi de retard. Elle continua:
"Je ne me sens pas très bien, aujourd'hui. Je ne serai pas capable de répéter le défilé. Mais je sais quand je dois passer et quelles robes je dois mettre !
_ Tu es sûre ? demanda Lara.
_ Oui, répondit Ingrid.
_ Et, heu... en parlant de robe, vous avez réussi à recoudre celle que j'ai déchirée hier ?
_ Oui, mais le patron a quand même su ! Sûrement à cause d'Estelle Finley, je l'ai vue parler avec lui hier soir !
_ Ca ne m'étonne pas ! s'exclama Ingrid. En tous cas, je serai là demain, c'est promis !
_ Alors, à demain !" répondit Lara avant de raccrocher.
Ingrid raccrocha à son tour et retourna s'asseoir sur le fauteuil. Elle regarda autour d'elle, puis au plafond. Elle s'exclama:
"C'est bon, j'ai pris ma décision !"
L'attente ne fut pas longue. Lowell apparut presque aussitôt, comme s'il avait attendu qu'elle l'appelle. Il demanda:
"Alors ?
_ J'accepte ! déclara Ingrid. Je suis votre homme ! Enfin, votre femme... enfin, je me comprends !"
Lowell ne put s'empêcher de sourire. Ingrid demanda:
"Comment ça va se passer ? Comment saurai-je où aller et quand ? Et surtout, comment irai-je ?
_ Nous allons vous donner un pouvoir, répondit Lowell.
_ Chouette ! s'exclama Ingrid. Lequel ? Celui de voler ? Ou bien celui de...
_ Celui de vous réincarner, de vous projeter dans le corps de vos vies antérieures !" acheva Lowell.
Ingrid fit une grimace.
"Donc j'irai dans le passé dans un autre corps que le mien !
_ Non, vous irez dans les votre ! Vous serez toujours la même, mais dans une autre vie ! expliqua Lowell.
_ Ca me ramène à une autre de mes questions ! s'exclama Ingrid. Comment saurai-je où aller et quand ?
_ Grâce à une de vos soeurs !"
Ingrid pressentit qu'il allait répondre Adeline:
"Il s'agit de celle qui possède des pouvoirs psychiques ! Vous aurez besoin des prémonitions d'Adeline ! annonça Lowell.
_ Au cas où vous ne seriez pas au courant, je suis en froid avec Adeline ! s'écria Ingrid.
_ Vous devrez passer outre vos différents avec vos soeurs afin de mener à bien votre mission, déclara Lowell.
_ J'essaierai, répondit Ingrid. Au revoir."
Lowell comprit qu'il valait mieux la laisser ruminer seule dans son coin et s'éclipsa. Ingrid se leva et marcha vers son téléphone. Elle hésita avant de l'utiliser mais finit par se décider. Elle composa un numéro et approcha le combiné de son oreille. Quelqu'un décrocha et une voix féminine se fit entendre:
"Oui, allô ?"
Ingrid prit une grande inspiration et s'exclama:
"Adeline, faut qu'on parle !"
FIN